A Montreuil, les forces de l'ordre sévissent contre le droit inaliénable au logement
La répression aveugle des forces de l'ordre à l'œuvre à Montreuil. Bilan : un manifestant,
Joachim Gatti, perd un oeil.
En préambule, voici une vidéo qui en dit long : http://www.youtube.com/watch?v=c6yaNv11dYs&NR=1
La
clinique de Montreuil a donc été expulsée le 8 juillet 2009 à 6 heures du matin
par les forces de l’ordre. Le soir même, quelques dizaines de personnes viennent
protester dans le calme. Le groupe est surveillé par la BAC qui procèdera à des
tirs de flash-ball, sans sommation. Bilan : plusieurs personnes sérieusement
blessées dont une, Joachim Gatti, perdra un œil. Le 13 juillet, une
manifestation s’organise pour dénoncer l’illégitimité des violences policières et
défendre les exilés de la clinique. Manifestation, une nouvelle fois, violemment réprimée.
D’un
côté, la clinique qui se veut « un lieu d'organisation
politique et de mise en question de la gestion de la ville » et de ses
habitants. Celle-ci occupe un espace vacant, boulevard Chanzy, son but est de
soutenir et d’aider des personnes en difficulté, notamment celles qui ne
peuvent se loger. La clinique est avant tout un lieu de réflexion politique et
de solidarité sociale pacifique.
De
l’autre, les forces de l’ordre présentes lors de l’expulsion, constituées « seulement »
de 200 CRS (Compagnie Républicaine de Sécurité), d’agents du RAID (Recherche,
Assistance, Intervention, Dissuasion) et de la BAC (Brigade Anti-Criminelle). La
mission spécifique des CRS : le maintien de l’ordre, la surveillance et le
blocage des manifestations. Celle du RAID : la lutte anti-terroriste. Celle
de la BAC : la lutte contre la délinquance.
Un arsenal répressif de cette ampleur, c'est sûrement pour détruire un nid de
terroristes armés présumés ou bien pour déloger de dangereux criminels qui
cacheraient une arme de destruction massive, non ? Eh bien non, il a simplement été mis en place pour freiner les
ardeurs de citoyens comme vous et moi, des défenseurs des droits de l’homme, - droits aussi fondamentaux
que ceux de se loger ou de se nourrir...Il faut croire que la révolte sociale
fait peur dans les hautes sphères, il faut la mater. Au fait, rappelez-moi qui est l’actuel
Ministre de l’Intérieur ? Ah oui, un ancien membre du GUD, une organisation
d’extrême droite…Nécessité donc, disais-je, est d’étouffer la protestation dans l’œuf et
cela par tous les moyens. Mais pourquoi tout ce cirque politico-policier ? Pour criminaliser un peu plus la pauvreté et ceux
qui luttent contre les injustices de tous ordres. Pour intimider et stigmatiser ceux qui
défendent les exclus, sans papiers, sans logis, sans travail, tous les « sans »
quelque chose en somme. Pour pouvoir faire l’amalgame entre sans-logis et délinquants. Pour
effrayer la population à coup d’envois de robocops suréquipés. Il ne manquerait
plus que l’Armée s’en mêle pour couronner le tout. Alors, de quel côté le terrorisme va-t-il se nicher ?
Les
pauvres ça dérange, n’est-ce pas Monsieur Balkany ? Paraît-il qu’en France,
les pauvres ça n’existe pas ou si peu…Pas dans votre quartier certainement mais
si on en trouve un, promis, on vous l’éjecte à coup de flash-ball M’sieur
Balkany ! Circulez, y a rien à voir ! Et n’essayez même pas de
protester, c’est inenvisageable, on vous dit ! Manquerait plus qu’on leur laisse
la liberté d’expression à ces satanés utopistes de gauchistes. Pensez-vous, une
société égalitaire et solidaire, et puis quoi encore ? Ils ne voudraient
pas non plus nous assommer avec des valeurs aussi dépassées que la liberté, l’égalité
et la fraternité au sein même de notre belle République française, tout de même !
Les
événements de Montreuil ne sont pas des faits divers parmi d’autres, comme le
gouvernement, les institutions policières et certains médias voudraient nous le
faire croire. Non, ces événements sont révélateurs du climat délétère qui règne
en France. Ils posent une question essentielle : quelle société
voulons-nous ? Une société qui ne donne plus à chaque individu le droit de
se loger décemment et qui regorge de logements vides ? Une société qui
réprime dans la violence la plus arbitraire ceux qui osent garder la tête haute
pour s’exprimer contre l’injustice sociale ? Une société qui nie les
droits démocratiques les plus essentiels ? Ou bien une société qui se
révolte contre toute forme d’injustice et d’inégalités ?
Albert
Camus écrivait « Je me révolte donc
nous sommes ». J’écris ce texte pour dire et faire entendre mon
sentiment de révolte, c’est là que réside mon humanité. J’écris ce texte pour rendre
compte de ce qui se passe en France, pour éveiller les consciences de ceux qui se réfugient encore dans le silence et la résignation. J’écris ce
texte pour faire l’état des lieux d’un pays qui se paupérise tandis que le
gouvernement, complice, méprise le peuple et favorise les plus aisés. J’écris
ce texte pour refuser que mon pays ne devienne chaque jour plus répressif et
sourd aux espérances sociales et aux attentes légitimes de chacun. J’écris ce
texte pour défier les idéologies extrémistes nauséabondes qui président aux
heures les plus noires de notre Histoire.
Ce
texte, je l’écris également pour apporter mon soutien et rendre hommage à
toutes celles et ceux qui ont su être présents et prendre le risque bien
involontaire de mettre en péril leur intégrité physique. Je le dédie à Joachim
Gatti qui y a laissé un œil, et à une amie chère qui s’en est « heureusement »
sortie avec une « simple » entorse. Je veux vous remercier d’être là, de rester
debout, envers et contre tout. Par tous les moyens – manifestations, tracts,
blogs, assemblées générales - continuons de défendre les vraies valeurs
républicaines : liberté, égalité, fraternité.